Dans le milieu des années 50, la prospérité revient dans l'économie européenne, et les infrastructures routières sont en reconstruction améliorant, du même coup, la qualité des transports routiers. Cela fait naître un « besoin » nouveau de voitures plus rapides et plus maniables, appelées Grand Tourer ou GT.
Maserati est l’un des premiers constructeurs automobiles à évaluer le potentiel et, pour la première fois en trente ans d'existence, l’entreprise prend la décision de développer une véritable voiture routière : la 3500 GT. Dans le passé, le spécialiste italien des voitures de course a déjà produit des petites séries de voitures routières, mais ce n'étaient rien de plus que des voitures de course à peine déguisées. Le nouveau modèle doit allier la finesse et l'équilibre des voitures de course qui ont fait la réputation de la marque au luxe et à la qualité exigés par le marché haut de gamme.
Le moteur de la 3500 GT est le six-cylindres en ligne directement dérivé de celui de la 350 S « sportsracer », qui était lui-même basé sur les moteurs de la monoplace 250 F très réussie et de la sportive 300 S. Aménagé pour un usage routier et une fiabilité garantie, le moteur de 3 485 cc de cylindrée, à double allumage, alimenté par trois carburateurs Wéber 42 DCOE, développe une puissance maxi de 220 ch. à 5 500 t/mn. Grâce à son rapport alésage / course « carré » le moteur dispose d’un fort couple à bas régime : 343 Nm à 3 500 t/mn. Accouplé à une boîte de vitesses à quatre rapports, le « six » est monté dans un châssis tubulaire. La puissance de freinage est fournie par des freins à tambour sur les quatre roues.
Contrairement à son habitude Maserati va proposer sa 3500 GT en tant que modèle complet. Les ingénieurs de Maserati ont donc, pour la première fois, le contrôle de chaque élément de la voiture. Pour les équipements intérieurs et les garnissages, le designer en chef de Maserati Ing. Giulio Alfieri a passé beaucoup de temps à examiner les constructeurs et les fournisseurs britanniques. Le résultat final est un habitacle très bien aménagé qui offre de la place pour deux adultes à l'avant et deux enfants à l'arrière. Alfieri a sous-traité à plusieurs carrossiers italiens la conception de la 3500 GT en se réservant la possibilité de choisir la version finale. Lors du lancement à Genève en 1957, une version Allemano et une Touring Coupé sont présentées. Le design de Touring est finalement choisi et la production commence plus tard dans l'année. Les premières voitures sont livrées au début de l’année 1958.
Le pari, assez risqué, de Maserati porte ses fruits puisque la 3500 GT devient rapidement un grand succès commercial. Et c’est heureux pour l’entreprise qui subit une saison 1957 calamiteuse en compétition avec de nombreuses voitures d’usine détruites. À la fin de la saison, Maserati se retire de la course active pour se concentrer pleinement sur les voitures particulières. Alfieri continue à perfectionner la 3500 GT en ajoutant des freins à disque à l’avant et une injection de carburant. Le succès incite Maserati à lancer l’étude d’un modèle Spyder sur un châssis 3500 GT raccourci. Une nouvelle fois divers carrossiers tentent d’emporter le marché qui finalement est accordé à Vignale. La conception finale est assez similaire à celle du coupé Touring, ce qui rend le « Spyder » facilement reconnaissable en tant que 3500 GT. La production en série a commencé en 1960.
C’est à l’occasion du lancement de ce projet de Spyder que Frua, qui est également sur les rangs, réalise la voiture présentée ici qui ne sera, évidemment, fabriquée qu’en un seul exemplaire.
En 1963, la Maserati 3500 GT commence à vieillir, même si techniquement, elle est toujours à la hauteur de ses principales concurrentes Ferrari ou Aston Martin. Alfieri décide de remplacer le Grand Tourer à succès par non pas un, mais deux modèles. Les deux sont techniquement très similaires à la 3500 GT et sont dotés de versions légèrement plus dimensionnées du moteur six cylindres. Le premier des deux à être annoncé est le modèle Sebring, qui arbore une carrosserie Coupé 2 + 2 dessinée par Vignale. Le second est un strict modèle biplace : le Mistral. Ce coupé très élégant est dû au carrossier Pietro Frua. Plus tard, un Mistral Spyder est également ajouté à la gamme. Pour un petit constructeur de voitures de course, le lancement de la production en série a représenté une étape considérable, mais Maserati a réussi avec une facilité surprenante. Finalement, plus de 2 200 exemplaires ont été produits ; plus que tous les modèles Maserati construits depuis la fondation de l’entreprise.
Crédit Texte et Photos Jean-Pierre ECHAVIDRE - Avec son aimable autorisation.
Merci à Jean-Pierre ECHAVIDRE - Président de VICTOR ASSOCIATION - que vous pouvez suivre sur son Blog - Voitures de légendes