Vers la fin des années 40 Maserati qui, jusqu’à présent, n’avait réalisé que des voitures destinées à la course, tente de lancer la production de voitures « routières ». C’est donc à cette époque qu’est entreprise l’étude du fameux modèle A6 qui, outre la version route, comportera une version sport (A6GCS) et même une version monoplace destinée à la compétition (A6GCM)
Comme la majorité des constructeurs automobiles de l’époque, Maserati réalise les châssis motorisés et confie la carrosserie à un « spécialiste ». En l’occurrence les italiens les plus en vogue sont « Pinin Farina », « Frua » mais aussi « Zagato » et « Vignale »
Dans sa motorisation originale le moteur de l’A6 était un six cylindres en ligne de 1,5 litre de cylindrée implanté longitudinalement à l’avant. Pour des raisons de performances en compétition il fut assez rapidement adapté pour une cylindrée de 2 litres.
Pietro Frua réalisera trois exemplaires du modèle A6 GCS-53 qui était un véhicule très original par son style et relativement léger : 740 kg. Ce qui lui permettait des performances exceptionnelles avec, en particulier, une vitesse de pointe de 235 km/h.
Celles qui sont restées les plus célèbres des A6 GCS fabriquées par Maserati sont les berlinetta carrossées par Pinin farina. Quatre exemplaires sont sortis des ateliers du carrossier turinois. La Maserati « Gran Turismo » actuelle a encore des airs de la berlinetta d’alors.
Le partenariat entre les deux firmes italiennes ne sera pourtant pas si simple !.. En 1953 Pinin Farina est sur le point de devenir le carrossier attitré de Ferrari. Par conséquent, lorsque se présente l’opportunité de réaliser la carrosserie de la dernière voiture sportive du concurrent Maserati, la Carozzeria Pinin Farina doit marcher sur des œufs. Pour ne pas froisser le susceptible Enzo Ferrari le châssis de la A6GCS/53 est d’abord vendu au concessionnaires Maserati de Rome Giugliemo Mimmo Dei qui est chargé de passer une commande à Pinin Farina pour carrosser la voiture. L’opération se déroule parfaitement bien et donne naissance à l’une des plus belle voiture de sa génération.
Le châssis utilisé n’est pas d’une grande nouveauté. Il est dérivé de l’A6GCS des années 1940 avec tout de même quelques améliorations en particulier au niveau du moteur. Le six cylindres en ligne de 1 986 cc de cylindrée, réalisé en alliage d’aluminium dispose d’un double arbre à cames. Alimenté par trois carburateurs Wéber 40 DCO3 il délivre une puissance maxi de 170 cv à 7500 t/mn. La suspension est à double triangles à l’avant et à essieu rigide à l’arrière. D’un poids total en ordre de marche de l’ordre de 1 000 kg, la voiture atteint la vitesse de pointe de 240 Km/heure.
La voiture présentée ici (châssis 2059) a initialement été fabriquée pour être présentée comme « show car » au Salon de l’Automobile de Paris en 1954. Elle est finalement vendue au Comte Alberto Magi Diligenti qui remplace la couleur rouge d’origine par un blanc avant de l’engager dans la fameuse course de « Mille Miglia » de 1955 où elle terminera à la 105ème place. Repeinte en rouge comme à l’origine la voiture part aux Etats-Unis où, des années plus tard, elle est découverte par Stan Nowak. La plus originale des berlinetta réalisée par Pinin Farina est exposée au Peeble Beach Concours d’Elegance en 1999 avant sa restauration puis à nouveau l’année suivante complètement restaurée. Elle rejoindra finalement une collection privée basée à Monaco. Au Concorso d’Eleganza Villa d’Este 2016 elle reçoit le prix « Best of Show ».
Crédit Texte et Photos Jean-Pierre ECHAVIDRE - Avec son aimable autorisation.
Merci à Jean-Pierre ECHAVIDRE - Président de VICTOR ASSOCIATION - que vous pouvez suivre sur son Blog - Voitures de légendes