Parmi les frères Maserati, Alfieri Maserati était certainement l'ingénieur le plus doué et sa mort soudaine, au printemps de 1932, est un gros coup dur pour la jeune entreprise.
Une grande partie du travail de développement s'arrête brusquement, et, fort heureusement Alfieri avait bien avancé la conception de deux nouveaux moteurs qui allaient assurer la compétitivité des Maserati sur les circuits dans un avenir proche. Les deux moteurs à double arbre à cames sont très similaires dans la conception et diffèrent essentiellement par le nombre de cylindres. En quatre cylindres et une cylindrée de 1,5 litre, le moteur convient parfaitement pour la série Berlinetta et avec huit cylindres et une cylindrée de trois litres le moteur est adapté à une voiture de Grand Prix.
Les nouveaux moteurs sont installés dans un châssis en acier très conventionnel, avec des suspensions à essieux rigides et des ressorts à lames semi-elliptiques à l’avant comme à l’arrière. Cette construction est suffisante pour le moteur à quatre cylindres, mais la puissance du moteur à huit cylindres et la pression hydraulique nécessaire pour obtenir un freinage correct avec des tambours provoquent une flexion anormale du châssis. La nouvelle voiture de course baptisée 8CM connait bon nombre de problèmes dus principalement au manque de rigidité de son châssis. Il faudra toute l’expérience de Tazio Nuvolari pour résoudre la plupart des défauts et transformer les 8CM en voitures victorieuses.
Le célèbre pilote vient, en effet d’avoir des problèmes avec son employeur, l'équipe de course officielle d’Alfa Romeo la Scuderia Ferrari, et il est à la recherche d'une nouvelle écurie pour le Grand Prix de Belgique de 1933. Le «Flying Mantuan» se tourne vers Maserati et se met aussitôt au volant des premières 8CM. Il décèle rapidement les problèmes de rigidité du châssis et, dès la fin des essais, Nuvolari fait modifier sa voiture à l'usine de Minerva où l’on ajoute plusieurs traverses pour augmenter la rigidité sans augmenter trop le poids de la voiture. Le jour de la course il prend l'initiative dès le premier tour, et remporte la prestigieuse épreuve.
Maserati apporte rapidement des modifications similaires dans la définition des voitures de la saison 1934. Bien que les renforcements du châssis aient augmenté le poids, la Maserati 8CM de 1934 est beaucoup plus stable et les techniciens grattent des kilogrammes pour amener la voiture au plus proche du nouveau poids minimum imposé qui est de 750 kg. Malgré ces évolutions la 8CM ne peut rivaliser avec les équipes Alfa Romeo, Mercedes et Auto Union et pourtant la voiture est très prisée par les coureurs indépendants. Un autre châssis encore un peu plus dépouillé est construit en 1935 en vue d’un record de vitesse couronné de succès sur l'Autostrada.
Dans les années suivantes, Maserati continuera à produire des voitures de course pour les épreuves de Grand Prix, mais la concurrence est de plus en plus vive et Maserati a du mal à trouver les budgets nécessaires à ces compétitions de haut niveau.
La voiture présentée ici (Châssis: 3011) a été fabriquée en février 1934 et vendue neuve à l'American Whitney Straight basé à Londres. Il a engagé la voiture durant la saison 1934 dans de nombreuses compétitions et recueilli quelques succès lors d'événements mineurs sur les îles britanniques. Pour la saison de 1935, elle est vendue et pilotée par Harry Rose. En 1936, la 8CM N°3011 est conduite à la victoire dans le Trophée de l'Empire britannique à Donington par son nouveau propriétaire, le talentueux Richard Seaman.
Le propriétaire, suivant est également célèbre, c’est Thai Price B. Bira. Il continue à faire courir la voiture avec quelques succès depuis l'automne de 1936 jusqu'à la fin des années 1940. Sa carrière de course continue entre les mains du propriétaire suivant Kenneth McAlpine, qui engage la voiture lors des saisons 1948 et 1949. La 8CM apparait alors aux essais de vitesse de Brighton en 1951 aux mains de Leslie W. Boyce.
Suite à sa longue carrière de course, elle est finalement exposée au musée Doune et est détenue depuis de nombreuses années par le collectionneur et le coureur historique Peter Giddings. Au cours des dernières années, elle a rejoint l'écurie d'un collectionneur britannique qui, très régulièrement, l’engage dans des courses.
Crédit Texte et Photos Jean-Pierre ECHAVIDRE - Avec son aimable autorisation.
Merci à Jean-Pierre ECHAVIDRE - Président de VICTOR ASSOCIATION - que vous pouvez suivre sur son Blog - Voitures de légendes