Misant sur le succès de l'A6GCS / 53 à moteur deux litres, Maserati entreprend de créer une nouvelle voiture e compétition capable de marquer des victoires dans le tout nouveau Championnat du monde des voitures de sport. L'A6GCS / 53 est alors aussi populaire auprès du public que sur les circuits et Maserati espère bien continuer cette tradition en créant une voiture à la fois très rapide, facile à utiliser et à entretenir par ses fidèles clients.
À l'époque, le plus gros moteur disponible est le six cylindres en ligne de 2,5 litres équipant la voiture de Grand Prix 250F. En 1954, une voiture prototype équipée de ce moteur est testée mais il s’avère qu’elle n’est pas assez puissante pour rivaliser avec les Ferrari et Jaguar. En augmentant la course, la cylindrée du moteur est portée à 2,8 litres mais c’est encore insuffisant. Il faut changer de bloc moteur et les ingénieurs de Maserati lancent l’étude d’une version légèrement plus dimensionnée du moteur 250F. C’est le moteur 300S dont la cylindrée est de 2 991 cc fabriqué entièrement en aluminium avec une culasse à double arbre à cames en tête. Le six cylindres alimenté par trois carburateurs Wéber 42 DC03 développe une puissance maxi de 245 cv.
Pendant que le moteur termine sa mise au point, le bureau d’études Maserati concentre ses efforts sur le châssis. Tout à fait moderne, il est constitué d un cadre tubulaire complexe, qui combine des tubes de sections ovales ou circulaires de petit diamètre. Bien qu’un tel châssis soit long à construire, cette conception conduit à un ensemble à la fois plus léger et plus robuste que les châssis conventionnels. Les toutes premières 300S sont construites à l'usine de Maserati, mais les suivantes sont confiées à la société spécialisée Gilco de Gilberto Colombo.
La suspension est à doubles triangles à l'avant avec des ressorts hélicoïdaux montés verticalement au-dessus des amortisseurs. À l'arrière, c’est un essieu De Dion sophistiqué qui est monté, avec un ressort à lames semi-elliptique transversal et des amortisseurs hydrauliques. Le freinage est assuré par de gros tambours à ailettes. Comme pour les modèles précédents A6GCS / 53 et 250F, c’est Medardo Fantuzzi qui est chargé de la conception et de la construction de la carrosserie en aluminium.
Le développement se poursuit tant à l'usine Maserati que chez Fantuzzi. Pour la saison 1956, la partie avant de la carrosserie est allongée Cette nouvelle saison est meilleure pour la 300S, qui attire maintenant de nombreux clients du monde entier. Stirling Moss et Carlos Menditeguy remportent les 1000 km de Buenos Aires et, avec Jean Behra, Moss remporte également la prestigieuse course des 1000 km du Nürburgring.
C’est tout de même la puissance qui manque encore à la 300S. Maserati va alors expérimenter un moteur V12 et finalement le développement de la voiture six cylindres est abandonné au profit de la 450S à moteur plus dimensionné. Avec deux douzaines d'exemplaires construits et vendus, la 300S fut certainement un succès financier pour Maserati. Ce modèle reste aujourd'hui l'une des voitures de sport à moteur avant les plus raffinées, sans doute éclipsé par le Tipo 60/61 Birdcage construit par Maserati quelques années plus tard.
Crédit Texte et Photos Jean-Pierre ECHAVIDRE - Avec son aimable autorisation.
Merci à Jean-Pierre ECHAVIDRE - Président de VICTOR ASSOCIATION - que vous pouvez suivre sur son Blog - Voitures de légendes