Lancé en 1946, le modèle A6 dans ses nombreuses versions va faire la renommée de Maserati tant sur la route que sur la piste. Malgré plusieurs remises à niveau, le modèle commençait à se montrer vieillissant dans le milieu des années 1950. Maserati décide alors de lancer un projet nouveau en partant d’une feuille blanche afin de remplacer l'A6 GCS/53 avec pas moins de trois nouvelles voitures de course pour la saison 1955. Deux sont motorisées par un moteur à quatre cylindres qui vient d’être développé, tandis que la troisième est une version trois litres du modèle 250F au moteur six cylindres en ligne. Sur les deux voitures à moteur quatre cylindres, le modèle 200S a été conçu pour concourir dans la même classe des deux litres que l'A6 GCS/53.
Maserati avait déjà, par le passé, engagé en course des voitures à quatre cylindres, comme la très compliquée 4CLT à 16 soupapes de la fin des années 1930, mais le nouveau moteur quatre cylindres a été complètement redessiné. Construit en alliage léger le moteur est conçu pour une utilisation « multi classe » c'est-à-dire avec deux versions de cylindrée : 1484 cc ou 1994 cc. Comme tous les moteurs Maserati, il est été équipé de doubles arbres à cames et d’un double allumage. La version de deux litres qui équipe les 200S développe une puissance maxi de 190 ch à 7500 t/mn.
Accouplé à une boîte de vitesses à quatre rapports, le moteur a été installé dans un châssis tubulaire classique. Pour réduire les coûts des premiers châssis ceux-ci sont équipés d'un essieu arrière rigide, mais les clients demandent que soit monté un essieu DeDion plus élaboré. Maserati va très vite leur donner satisfaction. La suspension avant est à roues indépendantes et, comme Ferrari, Maserati continue à utiliser les freins à tambour éprouvés et fiables.
Un seul exemplaire de la 200S est construit en 1955 alors que Maserati se concentre sur les voitures de course 150S et 300S. Les prototypes 200S sont testés intensivement tout au long de l’année et ont reçu bon nombre d’améliorations.. Le premier exemplaire est engagé au Grand Prix d'Imola en Juin 1955 et de nouveau à la Targa Florio plus tard dans l'année. Sans grand succès dans les deux cas. Une deuxième voiture a été construite et a couru dans des événements mineurs au début de 1956. La production des 200S commence en Juin 1956 et trois voitures sont engagées dans la course « Supercortemaggiore » à Monza. Deux doivent abandonner mais la troisième finit deuxième derrière une toute nouvelle Ferrari à moteur 3 litres.
Les cinq premières voitures sont carrossées par Celestino Fiandri, qui est ensuite remplacé par Medardo Fantuzzi qui parvient à mettre au point une forme plus efficace au niveau aérodynamique. Les débuts de carrière des 200S sont assez décevants et ce n’est que dans le cours de l’année 1957 que Maserati recueille les premiers succès. Au Grand Prix de Bari fin 1957 Jean Behra réussit à tourner aussi vite avec sa 200S que les voitures de trois litres.
Pour la saison 1957, l'organe directeur du sport automobile a ajouté un «Annexe C» à la réglementation. Les voitures engagées doivent maintenant être équipées d'un pare-brise de grande largeur avec essuie-glaces, de deux portes, d’une roue de secours et les voitures ouvertes ont besoin d'un toit en toile. Les Maserati 200S construites pour se conformer aux réglementations plus strictes ont été dénommées 200SI pour « Sport International ». Environ vingt exemplaires de 200SI ont été construits.
Même si les modèles 200S de Maserati visaient avant tout les pilotes amateurs, ses conditions de conduite particulières ne pouvaient être apprivoisées que par des pilotes professionnels. Voilà pourquoi la voiture semble exceller dans certaines circonstances, puis décevoir dans d’autres. Avec 32 voitures complètes construites, le modèle est cependant un succès commercial pour la firme italienne.
Le modèle présenté ici (châssis 2413) a été construit pour la saison 1957 avec les spécifications 200SI. La voiture a été achetée neuve par un coureur privé italien Attilio Buffa qui l’engage dans plusieurs événements italiens comme le « Giro di Sicilia » en 1957 et la « Targa Florio » en 1958.
Crédit Texte et Photos Jean-Pierre ECHAVIDRE - Avec son aimable autorisation.
Merci à Jean-Pierre ECHAVIDRE - Président de VICTOR ASSOCIATION - que vous pouvez suivre sur son Blog - Voitures de légendes